Marathon de Rome : çà, c'est fait ...
Allez, je me lance...difficile de trouver les mots par lesquels commencer et vous raconter cette merveilleuse aventure qu'est la marathon.
Ce fût une grande première pour moi tout au long du week-end : baptême aérien, baptême marathonien.
Je commence à peine à réaliser et je pense que mes compagnons de préparation et de course doivent probablement ressentir cette même étrange sensation en se disant: "çà y est, on la fait ! Nous sommes entrés dans le groupe des marathoniens !"
Et qu'il fût beau ce premier marathon:
- un belle ville
- un parcours somptueux bien que difficile
Mais surtout
- un groupe fabuleux
- une ambiance à faire rougir les statues romaines
- une préparation qui a porté ses fruits, une seule chose à dire




Dimanche 06h00 , réveil en douceur. La nuit a été bonne malgré l'excitation grandissante née la veille en fin d'après-midi en préparant le dossard.
Petit check-up de l'équipement et du sac à dos pour vérifier que tout y est même après l'avoir vérifié au moins quatre fois la veille...serait ce çà le stress du marathonien ?
06h30: ouverture du petit-déjeuner, les lommois se retrouvent au compte goutte dans la salle commune. Certains sont déjà en tenue, le maillot de notre club fièrement porté ou dépassant à peine du sweet. Auraient ils dormi avec ? L'ambiance est bonne mais c'est sûr, on sent qu'aujoud'hui il se passe quelque-chose. Les regards sont déjà portés sur la ligne et chacun veille à prendre un petit-déjeuner adéquat.
07h30: le rendez-vous est donné pour le départ vers la marathon et faire la photo de groupe.
La troupe portant haut et fort les couleurs de notre club, tels des légionaires paradant sur le champ de Mars, serpente dans les ruelles de la capitale romaine. Au détour d'une ruelle nous nous retrouvons nez à nez avec le colysée point de départ de la course prévu à 08h50. Pas de réel échauffement, la marche matinale et l'accès aux sas de départ suffisent à eux seuls.
La zone de départ se présentait comme un long corridor dans lequel grouillaient 19 000 compétiteurs jouant des coudes et des épaules qui s'affairaient à trouver leur camion-consigne et l'accès à leur sas de départ. Dans cette meute et foule immense, une seule échapatoire possible: allez vers l'avant vers la ligne de départ. Et nos irrésistibles lommois, telle une formation romaine partant à l'assaut, arrivent à rester compacts. Chaque groupe de course n'a qu'un objectif: se retrouver ensemble sur la ligne. A ce jeu, notre groupe de néophytes se débrouillent plutôt bien. De temps en temps nous croisons le scoach : "Vous avez vu Mélissa ?","Mais où est Mélissa ?" A 20 minutes du départ la "Big Team" est au complet prête à relever le défit (Céline, Violette, Périnne, Emilie, Cyr-David, Cédric, Abdel, Jimmy, Christophe et moi-même). Nous retrouvons dans le sas d'autres lommois : Hugues , Momo, Eric etc...
A quelques minutes du départ l'ambiance est superbe, nous sommes tous aussi motivés les uns comme les autres et ceci malgré des conditions météo épouvantables.La ligne est balayée par le vent et la pluie. Même la technique de résiste pas, coupure d'électricité, l'animateur de course en perd sa voie.
Mais rien n'y fait. Les romains n'en reviennent toujours pas, mais quel est donc ce groupe de gaulois qui trépignent et enflamment l'ambiance malgré les averses orageuses ?
08h50 ou plus, j'avoue ne pas avoir regardé l'heure, les chariots de feu raisonnent sur l'avenue : la pluie cesse, le soleil fait une apparition et le départ est donné sur le pavé romain.
Dans le groupe la tactite élaborée était simple: rester le plus possible ensemble, partir tanquillement sur les premiers kilomètres, tenir notre semi-marathon et à chacun de finir ensuite en fonction de ses ressources, mais surtout FINIR !!! Ne rien lâcher !!
Nous sommes vigilants sur les tous premiers kilomètres : la foule de marathoniens, les pavés glissants, les sacs et plastiques, dont se sont recouverts les coureurs avant la course, entravent la chaussée et rendent les premières foulées délicates. Cette sensation est renforcée par un refroidissement muscilaire suite aux averses. L'objectif est donc simple sur les premiers kilomètres: se placer, ne pas tomber et s'échaufer progressivement pour se mettre en température.
A ce jeu les dix premiers kilomètres passent très bien. Progressivement nous atteignons nos vitesses de croisière. Abel et Céline sont bien en jambe et prennent de l'avance. Nos deux locomotives du groupe de préparation sont en forme. Le reste de l'équipe reste groupé. Nous gérons parfaitement en veillant à rester solidaires : dès qu'un membre du groupe doit se ravitailler ou faire une pause technique, nous levons le pied pour lui permettre de revenir.
Les kilomètres s'enchainent comme les monuments à chaque coin de rue. Le flot interminable de coureurs serpente dans cette capitale historique accompagné d'applaudissements et d'encouragements de chaque côté du parcours. De temps en temps des "Allez Francia" au passage de nos maillots ornés d'une cocarde tricolore se font entendre. Mais que dirent des "Allez Lomme" de nos fervents accompagnants et supporters bravant les conditions.
De temps en temps nous croisons notre scoach national : "Vous avez vu Mélissa ?" quelques photos et le voilà reparti pour le voir réapparaitre deux kilomètres plus loin.
Les sensations sont pour le moment très bonnes. Nous prenons soin de nous hydrater et la route défile.
17ème-18ème kilomètres, second moment très fort après le départ, la préparation paie et nous permet de savourer cet instant magique et inoubliable.
Nous longeons le Tibre, dans quelques mètres la route tourne à gauche pour emprunter un pont au dessus du fleuve romain et nous entraine sur l'avenue face à la Basilique St-Pierre. Nous progressons sur cette avenue bordée de colonnes et nous amène sur la place du même nom. Quelle émotion, un frisson nous étreint de la tête aux pieds. Le son des cloches raisonnent mais est couvert par les cris des spectateurs qui nous encouragent. On voudrait presque lever le pied pour en reprendre encore et encore.
Le petit groupe poursuit son aventure, le premier semi est passé. Les sensations sont toujours bonnes. Cette préparation hivernale a vraiment été bonne. Je ne me suis jamais senti aussi bien à ce stade sur une course. Un coup d'oeil sur la montre au panneau des 21km et nous sommes dans les temps de 02h05, certes un peu en retard mais proches de notre second objectif des 4 heures ceci malgrès les conditions du départ . Le plus important est que nous nous sentons bien et tout laisse à penser que nous allons pourvoir tenir notre premier objectif: finir le marathon.
23ème km, le travail de sape du marathon commence à faire son effet. Je ne vois plus Emilie, mais ce n'est que temporaire.
A l'approche du 25ème km, à la sortie d'un secteur pavé (on se croirait sur le Paris-Roubaix) ce que je redoutais arrive. Une douleur arrive au mollet droit, à l'endroit exacte de la blessure du semi de Marchiennes. Après cette blessure et une période d'arrêt juste avant le début de la préparation, je m'étais demandé tout au long de cette dernière si celui-ci allait tenir. En ménageant un peu les phases d'actif et en reprenant progressivement, la préparation était passée correctement. Et là au 25ème, je me retrouve face à un choix corneillien. Je me sentais encore très bien. Devais je rester avec le groupe, faire abstraction du point dans le mollet et tenir l'allure en espérant que cela tienne et en prenant le risque que cela lâche complètement ? Ou devais je assurer l'objectif premier de finir ce marathon ?
A l'approche du ravitaillement je prends à contre-coeur la décision de laisser mes partenaires et je lève le pied. Je préviens Cédric qui remontera l'info au reste du groupe. J'apprendrai par la suite qu'il rencontrera lui aussi juste un peu plus loin des soucis au niveau de la cuisse.
Me voilà seul sur la course...avec toutes les scénarii qui défilent dans la tête.
Je gère ma course jusqu'au 32ème, même le long et gros faux-plat du 29ème passe. Je fais la connaissance d'un marathonien normand (Rouen) avec lequel nous discutons jusqu'au 30ème kilomètre. Quel magie ce marathon ! 30 kilomètres et on fait la causette avec quelqu'un qu'on ne connait pas. On échange sur nos sensations sur nos expériences de course: pour moi c'était rapide étant donné que c'était le premier, contrairement à mon partenaire du moment qui faisait son douzième marathon. Mais pour lui aujourd'hui, la forme n'était pas là; terrassé par des crampes. Comme quoi un marathon reste unique ! Au ravitaillement il s'arrête pour souffler, va t'il repartir ? Je ne le saurai pas. Je continue ma course en me disant fier intérieurement que j'ai passé les 30km. Mais où est donc ce mur dont tout le monde parle ?
Comme un scoach cherchant sa Mélissa, je cherchais le mur en espérant cependant, contrairement à Jef, ne pas le trouver.
Emilie, toute pétillante, revient sur moi. On discute quelques secondes lui expliquant la situation et je la laisse partir, restant sur ma décision initiale d'assurer jusqu'à la fin. Ceci après la course s'avèra avoir été la bonne décision.
32ème km, que se passe t'il ? Quelle est cette étrange sensation ? Les voyants s'allument, les muscles deviennent plus raides, la foulée moins fluide. J'ai trouvé le mur. Le corps veut s'arrêter, le cerveau veut dire stop. Et quand on dit que la fin d'un marathon se joue au mental: et bien c'est vrai !!
Il ne reste que 10 km, 10 malheureux kilomètres, un petit "Quand Lomme court". C'est à ce moment que tous les mots de nos supporters restés à Lomme, vous qui nous avez encouragé pendant la préparation, prennent toute leur importance. Je me repasse en tête ces commentaires laissés sur le forum et lus la veille au soir sur mon téléphone. Je pense à l'appel téléphonique de mes enfants la veille au soir qui attendent de voir la médaille. Je pense à mon ami Olivier qui m'a souvent accompagné et encouragé sur les courses. Bref tout est bon à prendre pour ne penser qu'à une chose : oublier la douleur et finir le Marathon avec un grand "M".
Les kilomètres s'égrainent doucement contrastant avec l'euphorie du premier semi où ces derniers s'enchainaient tout naturellement. Le combat dans l'arène avec soi-même commence. Je m'imagine Abed s'écriant : "On ne lâche rien !"
J'arrive sur la Piazza Navona visitée la veille. Notre accompagnateur d'"Endurance shop" me repère. Car à ce moment de la course les mètres défilent mais je ne vois plus rien. Il m'accompagne sur une centaine de mètres et me demande comment çà va ? Je lui réponds: "C'est dur !" Il me dit : "C'est dur pour tout le monde. Tu n'es pas encore blanc, tu as des couleurs. Tu en as encore sous le pied."
Les derniers kilos sont difficiles, aux 38 et 39 ème kms deux longues lignes droites pavées avec en point de mire un obélisque qui semble ne pas se rapprocher et tout çà en faut plat montant. Je vois encore le scoach la veille dire "Ici c'est la place d'Espagne. Vous voyez les escaliers sur la gauche et bien vous êtes au 39ème et vous serez sur la fin". La fin, plus que cette idée en tête finir !
Le 40ème km arrive avec le dernier ravitaillement. je ne m'y attarde pas, à peine un verre d'eau pour me raffraichir. De toute manière c'est la fin !
Les ruelles se transforment en avenue, la foule s'intensifie. Des gradins sur les côtés s'exclament au passage des courreurs. On semble retrouver des forces et on jette ces dernières dans la bataille ! L'arche est en point de mire, plus que quelques mètres, c'est la igne !! Je lève les bras au passage de cette dernière en pensant à mes enfants : Papa va ramener la médaille ! Une émotion intense au passage de la ligne et au moment où on vous passe la médaille du finisher autours du cou .
On la fait !! On a fini le Marathon . VINI VIDI VICI !!